Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/741

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LIVRE VI, CH. VII, g k. 219

rapidement la résolution qu'on a prise après délibération, il faut délibérer avec lenteur et maturité. § 3. La sagacité d'esprit est encore autre chose que la sage délibération ; et la sagacité se rapproche beaucoup de la rencontre heureuse. La sage délibération ne se confond pas davan- tage avec la simple opinion. Mais comme celui qui déli- bère mal se trompe et s'écarte du droit chemin, tandis que celui qui délibère bien délibère selon la droite raison , on peut dire que la sage délibération est une sorte de redressement et de rectitude, qui d'ailleurs n'est ni le redressement de la science ni celui de l'opinion. D'abord, la science n'a pas besoin qu'on la redresse , pas plus qu'elle ne commet d'erreur. Mais la vérité est la recti- tude de l'opinion ; et l'on a déjà tout arrêté dans son esprit sur l'objet dont on s'est fait une opinion. Néan- moins, comme il ne peut y avoir de sage délibération sans raisonnement, reste donc qu'elle soit un acte raisonné d'intelligence ; car ce n'est pas tout à fait encore une affirmation. De son côté, l'opinion n'est plus un examen de l'esprit; elle est déjà comme une affirmation assez pré- cise, tandis que celui qui délibère, bien ou mal d'ailleurs, cherche toujours, je le répète, quelque chose et calcule en raisonnant. § /i. En un mot, la délibération sage et bonne est en quelque sorte la rectitude de la volonté et de la

��cause, et que l'esprit est pleinement sont bien subtiles et souventobscures,

satisfait. comme l'ont remarqué tous les com-

§3. La sagacité d'esprit. Ou la mentateurs. Elles sont d'ailleurs assez

présence d'esprit. Voir les Derniers éloignées du sujet qu'Aristole se pro-

Anal) tiques, livre I, cb. Si, p. 185 pose de traiter; et celte digression

de ma traduction. — Avec la simple paraît aussi longue qu'elle est peu

opinion. Toutes les idées qui suivent nécessaire.

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