Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/756

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2U MORALE A NICOMAQUE.

��CHAPITRE XI.

Des vertus naturelles : les vertus que nous tenons de la nature ne sont pas à proprement parler des vertus, tant que nous ne les avons pas éclairées par la raison et fortifiées par une habitude volontaire. Théorie de Socrate en partie vraie, en partie fausse, sur la nature de la vertu. — La vertu ne peut pas se confondre avec la raison ; mais sans raison, il n'y a pas de vertu. La pru- dence est d'ailleurs inférieure à la sagesse, et ne travaille que pour elle.

g 1. Ces considérations nous ramènent à étudier la vertu sous un nouveau point de vue. On peut la distin- guer en vertu acquise, et en vertu naturelle et spontanée; et l'on verra que les rapports de la première à la seconde sont à peu près les mêmes que ceux de la prudence à l'ha- ijileté. Ces deux espèces de vertu ne sont pas identiques; seulement elles se ressemblent; et c'est là aussi le rapport de la vertu que la nature même nous inspire, à la vertu proprement dite. Tout le monde croit en effet que chacune des qualités morales que nous possédons, se trouve en

��Clu XJ. Gr. Morale, livre I, ch. tion que nous donne la nature, puis,

3-2;lVIora!eà Eudème.livi-e V,ch. 11. la qualité que nous acquiert Thabi-

§ 1. Vertu acquise. On pourrait tude. Voir un peu plus loin, et aussi

dire que c'est la vertu morale ; vcr-tu plus haut, livre II, ch. 1, § 3. —

naturelle, que c'est la vertu intellec- Elles se ressemblent. Ce rapproche-

luelle. La distinction est ici moins ment ne paraît pas rendre la pensée

tranchée, et Aristote veut dire seule- plus claire. — La vertu proprement

nient que dans la vertu il y a deux dite. Parce que la vertu est essen-

parts dilTérentes, d'abord la disposi- tiellement volontaire, et que nous ne

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