Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/809

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LIVRE Vil, Cil. X, S /i. 287

au juste et qui voit nettement ce qu'il fait; c'est plutôt comme un homme qui dort ou qui est pris de vin. Il fait certainement acte de volonté, parce qu'il sait dans une certaine mesure ce qu'il fait et paurquoi il le fait; néan- moins ce n'est pas un être corrompu; car sa volonté est bornée. Par conséquent, il faut dire de lui qu'il est à moi- tié vicieux et qu'il n'est pas absolument coupable et in- juste, puisqu'il ne cherche à tromper personne. En effet, parmi les intempérants de différentes nuances, on peut observer que l'un n'a pas la force de se tenir aux" projets qu'il a conçus, et que l'autre d'un caractère mélancolique n'en forme même pas du tout. Au fond, l'intempérant ne ressemble pas mal à un État où l'on décrète bien tout ce qu'il faut décréter, et qui a d'excellentes lois, mais qui n'en applique aucune, selon le mot fort plaisant d'Ana- xandride :

« Ainsi le veut l'Etat, qui fort peu songe aux lois. »

Quant à l'homme vraiment vicieux, il ressemble au con- traire à l'État qui applique ses lois, mais dont les lois sont détestables.

§ h. L'intempérance et la tempérance s'entendent tou- jours des actes qui dépassent les limites où restent habi- tuellement la plupart des hommes. Le tempérant se tient

��l'intempérant ne fuit guère que re- les natures ardentes et vives. ■ — Mais

produire ce qui a été dit antérieure- qui n'en applique aucune. Observa-

ment. Il y a cependant quelques tion spirituelle et juste. — Anaxan-

traits dont Aristote n'a pas encore dride. Poùte du temps d'Aristote,

fait usage. — D'un caractère mélati- qu'il cite plusieurs fois dans le S*"

colique. Plus haut, à la fin du ch. livre de la Rliétorique, ch. 10, 11 et

7, § 8, Aristote semblait classer les 12. — L'homme vraiment vicieux.

tempéraments mélancoliques parmi CVst le débauché.

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