Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/82

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��PRÉFACE.

��le bien, non plus que pour le mal. La vertu est aisée pour celui qui possède une raison plus éclairée et des passions moins violentes ; elle est plus pénible pour l'être grossier qui a reçu moins d'intelligence avec des inslincls plus impérieux. Mais facile ou dif- ficile, elle n'en est pas moins toujours la vertu, c'est- à-dire, un combat; et, si Platon avait voulu demander à la langue grecque l'élymologie de ce beau mot, il aurait vu que la vertu est un choix entre deux partis contraires, et qu'elle tire tout son mérite de sa résistance à celui des deux qu'elle n'embrasse pas. La vertu suppose nécessairement une lutte plus ou moins rude ; et cette lutte, c'est l'homme seul qui l'engage et la soutient. Quelques forces que Dieu lui ait données, il pourrait n'en pas faire usage, et, tout assuré qu'il serait de la victoire, s'abaisser, s'il le voulait, à la défaite. Les facultés qui rendent la vertu possible viennent du ciel ; mais la vertu elle- même vient de nous, et elle mérite l'estime et la louange, comme le vice mérite le mépris. San^^ doute, par un long et constant exercice, elle devient si naturelle au cœur qui la pratique avec courage, qu'il peut croire l'avoir toujours possédée. iMais si Socratc avait voulu recueillir ses souvenirs person- nels, il se tilt, selon toute apparence, rappelé un temps

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