Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/909

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LIVRE IX, CH. IV, § 10. 387

corde; et tandis que, par perversité, telle partie s' afflige des privations qu'elle est forcée d'endurer, telle autre se réjouit de les subir. L'un de ces sentiments tirant l'être d'un côté, et l'autre le tirant de l'autre, i) en est, on peut dire, mis en pièces, g 10. Mais comme il n'est pas possible d'avoir tout à la fois et du plaisir et de la peine, on ne tarde guère à s'affliger de s'être réjouit; et l'on voudrait n'avoir pas goûté ces plaisirs ; car les méchants sont tou- jours pleins de regrets de tout ce qu'ils font. Ainsi donc le méchant ne paraît jamais, je le répète, en disposition de s'aimer lui-même, parce qu'en effet il n'a rien non plus d'aimable en lui. Mais si cet état de l'âme est profon- dément triste et misérable, il faut fuir le vice de toutes ses forces, et s'appliquer avec ardeur à se rendre vertueux ; car c'est seulement ainsi qu'on sera porté à s'aimer soi- même, et qu'on deviendra l'ami des autres.

��§ 10. On sera porté ci s'aimer soi- nius, cité par M. Zell, a bien raison même. Tout ce chapitre est certaine- de l'appeler : « Aureuni caput et ferè ment un des plus beaux et des plus theologicum » ; c'est un grand et très- profonds qu'ait écrits Arislote. Gipba- juste éloge.

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