Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/964

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complètent devront donc différer aussi. La preuve, c’est que chaque plaisir est propre exclusivement à l’acte qu’il complète, et que ce plaisir spécial accroît encore l’énergie de l’acte lui-même. On juge d’autant mieux les choses, et on les pratique avec d’autant plus de précision qu’on les fait avec plus de plaisir ; témoins les progrès que font en géométrie ceux qui se plaisent à la science géométrique, et la facilité particulière qu’ils ont à en comprendre tous les détails ; témoins tous ceux qui aiment la musique, ceux qui aiment l’architecture, ou qui ont tel autre goût, et qui réussissent merveilleusement chacun dans leur genre, parce qu’ils s’y plaisent. Ainsi, le plaisir contribue toujours à augmenter l’acte et le talent. Or, tout ce qui tend à fortifier les choses leur est propre et convenable ; et quand les choses sont d’espèces diverses, ce sont aussi des choses d’espèces différentes qui leur peuvent si bien convenir en les complétant. § 3. Une preuve plus frappante encore de ceci, c’est qu’alors les plaisirs qui viennent d’une autre source sont des obstacles aux actes spéciaux. Ainsi, le musicien est incapable de prêter la moindre attention aux discours qu’on lui tient, s’il entend le son d’un instrument dont on joue près de lui. Il se plait mille fois plus à la musique qu’à l’acte présent auquel on l’invite ; et le plaisir qu’il prend à écouter cette flûte, détruit en lui l’acte relatif à la couver-

§ 2. Accroît encore l’énergie.. Cette observation est parfaitement juste, et chacun dans sa sphère peut la vérifier. On fait avec plaisir ce qu’on fait bien ; et réciproquement, — Quand les choses sont d’espèces diverses. Répétition de ce qui vient d’être dit au début du chapitre,

§ 3. Une preuve plus frappante encore. Autre observation non moins juste, comme chacun peut s’en convaincre par son expérience.