Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/224

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promettre sa fortune. Car celui qui se mettrait dans ce cas-là priserait de pareilles jouissances plus qu’elles ne valent, au lieu que l’homme tempérant et modéré ne s’expose pas à ce péril, mais sait toujours entendre la voix de la raison.

XII. Il semble que l’intempérance soit quelque chose de plus volontaire que le manque de courage, parce que l’une est l’effet du plaisir, et l’autre celui de la peine, et que l’on est enclin à rechercher l’un de ces sentiments, et à fuir l’autre. D’ailleurs, la peine trouble et corrompt, en quelque sorte, l’exercice de nos facultés naturelles, au lieu que le plaisir ne produit rien de pareil. Il est donc réellement plus dépendant de la volonté, et, par cette raison, un plus légitime sujet de reproche. Car il est facile de se faire des habitudes qui y soient relatives, et on ne manque pas, dans tout le cours de la vie, d’occasions propres à s’y exercer sans danger. Mais il en est tout autrement des objets propres à donner de la crainte. Il semble, au reste, qu’il y ait quelque différence, par rapport à la volonté, entre la lâcheté, ou timidité en général, et celle qui se manifeste dans les actes ou dans les cas particuliers ; car l’une ne produit actuellement aucun sentiment de peine, tandis que les circonstances particulières troublent l’esprit d’un homme au point de lui faire jeter ses armes, ou de lui faire commettre d’autres actions indignes d’un homme d’honneur, en quoi il semble qu’il éprouve une sorte de contrainte.

C’est tout le contraire pour le débauché ; tous