Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/477

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d’âge sont encore un puissant motif d’amitié ; car tout homme se sent plus naturellement porté vers ceux qui sont de son âge, et la ressemblance dans les mœurs est un lien qui unit ceux qui s’associent pour le plaisir ou l’amusement : aussi l’amitié fraternelle ressemble-t-elle beaucoup à cette sorte de liaisons. Quant aux enfants des frères ou sœurs, et à ceux qui sont dans un degré inférieur de parenté, leur attachement remonte à la même cause, c’est-à-dire, à l’origine commune. Le plus ou le moins de proximité à l’égard du chef de la race, ou de la famille, établit ordinairement entre eux une intimité plus ou moins grande.

Au reste, la tendresse des enfants pour leurs parents, et le respect des hommes pour les dieux, sont l’effet de la bienfaisance et de la supériorité ; car on doit de tels sentiments à ceux de qui on a reçu les plus grands bienfaits, puisqu’ils sont la cause d’abord de notre existence, et ensuite de l’éducation et de l’instruction que nous avons reçues. Mais il y a d’autant plus d’utilité ou d’agrément dans de tels liens, en comparaison de ceux qui sont moins directs, qu’on a des rapports plus fréquents et plus intimes avec les êtres qui sont l’objet de notre attachement. On trouve aussi, dans l’amitié fraternelle, ce qui se remarque dans les liaisons d’agrément et de plaisir, et d’autant plus dans les liaisons entre des individus estimables, et qui se ressemblent, en général, sous beaucoup de rapports, qu’elles sont plus intimement unies, et par une affection qui a, pour ainsi dire, commencé avec la