Page:Aristote - Physique, II (éd. O. Hamelin).djvu/40

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Chapitre IX

Maintenant le nécessaire dans les choses de la nature est-il nécessaire d’une nécessité hypothétique ou d’une nécessité absolue ? [200a] Nous voyons, en effet, les physiologues penser que la nécessité règne dans le devenir, comme celui qui croirait que les murs se produisent nécessairement, parce qu’il est de la nature des graves d’aller en bas et de celles des choses légères d’aller à la surface, ce qui ferait que les pierres et les fondements seraient en bas, la terre plus haut, en raison de sa légèreté et le bois, comme le plus léger, tout à fait à la surface. Cependant la vérité est que sans ces choses les murs et la maison ne se produiraient pas, mais qu’ils ne sont point produits par ces choses si ce n’est en tant qu’elles sont leur matière et qu’ils sont produits en vue de couvrir et de conserver certains objets. Et il en est de même pour toutes les choses qui existent dans une certaine vue : elles ne sont point sans ce qui revêt la nature du nécessaire, et pourtant elles ne sont point par lui si ce n’est en tant qu’il est leur matière, et elles sont dans une certaine vue. Par exemple, pourquoi la scie est-elle ainsi faite ? Afin qu’elle soit ceci et en vue de telle chose ; mais cette chose visée ne peut se produire sans que la scie soit de fer ; donc il est nécessaire qu’elle soit de fer, s’il doit y avoir une scie et son œuvre. Par conséquent, le nécessaire l’est d’une nécessité hypothétique ; il n’est pas nécessaire comme nécessitant la fin : car la nécessité est dans la matière, tandis que ce qu’on a en vue est dans la notion.