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III. Le rire causé par les faits résulte soit d’une assimilation avec distinction en pis et en mieux (?), soit de la ruse, de l’impossible, du possible inconséquent, de l’imprévu, ou de la pratique d’une danse grotesque, soit de ce qu’un personnage, d’entre ceux qui sont en charge, néglige les grands intérêts pour s’attacher aux détails les plus insignifiants, de ce que le discours est décousu, ou bien encore de ce qu’il n’a aucune suite.

IV. La comédie est différente de la médisance, attendu que la médisance expose, sans en rien cacher, les faits à la charge d’une personne, tandis que la comédie a besoin de ce que l’on appelle la « représentation »[1].

V. Le persifleur a pour attribution de relever ce qui est fautif dans l’âme et dans le corps.

VI. Il doit y avoir une juste proportion de terreur dans les tragédies, et de ridicule dans les comédies.

VII Les mœurs de la comédie sont la bouffonnerie, la dissimulation et la fanfaronnade.

VIII. Le style comique est vulgaire et populaire.

IX. L’auteur comique doit mettre, dans la bouche de chacun de ses personnages, la langue parlée dans son pays ; mais, dans celle d’un étranger, la langue parlée dans le pays où il est.

X. Le chant est du domaine de l’art musical et, par suite, c’est dans l’art musical qu’il faudra puiser les principes convenables.

XI. La comédie est l’imitation d’une action ridicule, d’une étendue bien proportionnée, complète en chacune de ses parties prise isolément[2] et opérant, par des récits, par le plaisir et par le rire, la purgation des passions de nature analogue. Or elle a pour mère le rire[3].

  1. C’est-à-dire (peut-être) « de ce que l’on peut, sans inconvénient, représenter sur la scène ». Bernays propose de lire τῆς ὑπονοίας, au lieu de τῆς ἐμφάσεως..
  2. Les mots non traduits (ἐν τοῖς εἴδεσι δρῶντας) ne font aucun sens.
  3. Ce dernier fragment pourrait bien n’être, comme le dit Heitz, qu’une simple imitation « ridicula et plane insulsa imitatio » de la définition qu’Aristote a donnée de la tragédie (chap. VI, § 2).