Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/112

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persuade lorsque nous démontrons la vérité, ou ce qui paraît tel, d’après des faits probants déduits un à un.

VII. Comme les preuves sont obtenues par ces trois sortes de moyens, il est manifeste que l’emploi de ces moyens est à la disposition de celui qui est en état de former des syllogismes, de considérer ce qui se rapporte aux mœurs et à la vertu et, en troisième lieu, de connaître les passions de façon à saisir la nature et la qualité de chacune d’elles, ainsi que son caractère et les conditions de son origine. Il s’ensuit que la rhétorique est comme une branche de la dialectique et de l’étude morale qui mérite la dénomination de politique. Voilà pourquoi la rhétorique revêt la forme de la politique et qu’en font autant ceux qui s’en arrogent la pratique, soit par ignorance, soit par vanité, soit pour d’autres motifs humains[1]. La rhétorique, nous l’avons dit en commençant, est une partie de la dialectique et lui ressemble[2]. Ni l’une ni l’autre n’implique en soi la connaissance de quelque point déterminé, mais toutes deux comportent des ressources pour procurer des raisons. Ainsi donc, quant à leur puissance et à la corrélation qui existe entre elles, on en a parlé d’une façon à peu près suffisante.

VIII. Les moyens de démonstration réelle ou apparente sont, ici comme dans la dialectique, l’induction, le syllogisme réel et le syllogisme apparent. En effet, l’exemple est une induction, et l’enthymème est un

  1. M. Thurot voit ici une allusion à Isocrate, l. c., p. 173.
  2. Traduction de M. Thurot, après correction conjecturale : La rhétorique est une portion (de la politique) et est semblable à la dialectique (ou plutôt à l’analytique), l. c., p. 247-248. Cp. chap. IV, p. 1359 b 8. M. Thurot cite plusieurs endroits de la Rhétorique ou le mot ΔIAΛEKTIKH doit, selon lui, être une altération de ANAΛΥTIKH (appendice 11).