Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/113

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syllogisme. J’appelle enthymème[1] un syllogisme oratoire et exemple une induction oratoire. Tout le monde fait la preuve d’une assertion en avançant soit des exemples, soit des enthymèmes, et il n’y a rien en dehors de là. Aussi, comme il est absolument nécessaire que l’on ait recours soit au syllogisme, soit à l’induction pour faire une démonstration concernant un fait ou une personne (alternative que nous avons reconnue dans les Analytiques[2], il s’ensuit que chacun de ces deux moyens (dans la rhétorique) est identique à chacun des moyens correspondants (de la dialectique).

IX. La différence de l’exemple d’avec l’enthymème, on l’a montrée dans les Topiques[3]. Nous y avons expliqué que, lorsqu’on appuyait la démonstration de tel fait sur des cas multiples et semblables, il y avait induction. Ici, il y a exemple. Lorsque, certains faits existant réellement, quelque autre fait se produit dans un rapport quelconque avec ces faits, en raison de l’universalité ou de la généralité de ces faits, il avait alors[4]ce que nous avons appelé « syllogisme », et il y a ici ce que nous appelons « enthymème ».

X. Il est évident que la rhétorique dispose de cette double ressource, et, comme nous l’avons dit dans les Méthodiques[5], elle en use de la même façon ; car les morceaux oratoires sont les uns remplis d’exemples, et les autres remplis d’enthymèmes, et, de même, parmi les orateurs, les uns emploient de

  1. Ce mot a changé d’acception. C’est plutôt un syllogisme tronqué. (Cp. Thurot, l. c., p. 161.)
  2. Analyt. pr., II, 23, 14.
  3. Topic., I, 10.
  4. Dans la dialectique.
  5. Ouvrage perdu. Voir les traductions de M. Norbert Bonafous, p. 398, et de M. Barthélemy Saint-Hilaire, p. 21.