Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/131

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Pour ceux du sexe féminin, la valeur corporelle c’est la beauté et la grande taille ; la valeur morale, la tempérance et l’amour du travail, mais sans servilité. C’est en considérant indistinctement le cas du gouvernement et celui des particuliers, comme les deux sexes masculin et féminin, qu’il faut chercher à réaliser chacune de ces qualités. Les peuples chez lesquels il y a de mauvaises institutions relativement aux femmes, comme les Lacédémoniens, ne possèdent guère que la moitié du bonheur.

VII. Quant aux parties de la richesse, ce sont les monnaies, l’abondance de la terre (cultivée), la possession de territoires ; puis celle d’objets mobiliers, de troupeaux, d’esclaves remarquables par leur quantité, leur grandeur et leur beauté. Tous ces biens doivent être l’objet d’une possession assurée, d’une jouissance libérale, utile. Sont plus particulièrement utiles ceux qui produisent des fruits, libéraux ceux d’une jouissance directe. J’appelle « biens qui produisent des fruits » ceux dont on tire un revenu ; biens d’une jouissance directe ceux dont il ne résulte rien d’appréciable en outre de l’usage qu’on en fait. La définition de la sûreté, c’est la possession, dans un cas et dans des conditions telles, que l’usage des biens possédés dépende uniquement du possesseur. Celle du bien propre ou non propre, c’est la faculté, pour le possesseur, d’aliéner ce qu’il possède ; or j’entends par aliénation la cession, par don ou par vente. En somme, l’essence de la richesse consiste plutôt dans l’usage que dans la propriété, car l’exercice de la propriété consiste dans l’usage et l’usage même est une richesse.

VIII. La bonne renommée, c’est le fait d’être regardé comme un homme de valeur (σπουδαῖος), ou de posséder quelque bien de nature à être recherché par tout le