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CHAPITRE X


De l’accusation et de la défense. Du nombre et de la nature des sources du syllogisme.


I. Il s’agit maintenant d’exposer, au sujet de l’accusation et de la défense, la nature et le nombre des propositions qui devront composer les syllogismes.

II. Il faut considérer trois points : premièrement, les causes du préjudice et leur nombre ; en second lieu, les dispositions de ses auteurs ; troisièmement, la qualité et la condition des gens préjudiciés.

III. Avant d’entrer dans ces détails, nous définirons le préjudice. Le préjudice, c’est le mal causé volontairement à quelqu’un contrairement à la loi ; or la loi est tantôt particulière, tantôt commune. J’appelle « loi particulière » celle dont la rédaction écrite constitue un fait de gouvernement, et « loi commune » celle qui, sans avoir été jamais écrite, semble reconnue de tous. On fait volontairement tout ce que l’on fait sciemment, sans y être contraint. Ce que l’on fait volontairement, on ne le fait pas toujours avec préméditation ; mais ce que l’on fait avec préméditation, on le fait toujours en connaissance de cause, car on n’ignore jamais le fait qu’on a prémédité.

IV. Le mobile par lequel on prémédite de nuire et de faire du mal, contrairement à la loi, cela s’appelle vice et dérèglement ; car, suivant que l’on a une ou plusieurs manières de nuire, d’après le point de vue auquel on se trouve être malfaisant, on est en même temps injuste. Par exemple, celui qui est parcimonieux l’est au point de vue de l’argent ; l’intempérant est intem-