Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/168

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morales ou d’impressions honnêtes, et les autres sous l’influence contraire.

X. Il arrive toutefois que telle ou telle action est la conséquence de telle ou telle condition, et telle autre action celle de telle autre condition. Chez l’homme tempérant, à cause de sa tempérance même, il peut survenir des opinions et des désirs honnêtes à l’occasion de certains plaisirs, et chez l’homme intempérant, à l’occasion de ces mêmes plaisirs, des opinions et des désirs contraires.

XI. C’est pourquoi il faut laisser de côté de telles distinctions, et s’appliquer plutôt à examiner le rapport de telle nature à telle action. En effet, que l’auteur de l’acte accompli soit blanc ou noir, grand ou petit, cela ne tire pas à conséquence ; mais qu’il soit jeune ou vieux, juste ou injuste, voilà ce qui importe ; et, généralement parlant, toutes les circonstances où les qualités morales de l’homme influent sur ses actions. Par exemple, qu’un individu semble riche ou pauvre, ce point ne sera pas indifférent ; de même s’il semble être malheureux ou heureux. Mais nous traiterons cette question plus tard[1], et, pour le moment, nous aborderons celles dont il nous reste à parler.

XII. Sont des actions dues au hasard toutes celles dont la cause est indéterminée et qui ne sont pas accomplies dans un certain but ; celles qui ne le sont ni d’une façon constante, ni généralement, ni dans des conditions ordinaires. Ce point est évident, d’après la définition du hasard.

XIII. Sont des actions dues à la nature celles dont la cause est inhérente à leurs auteurs ; car elles se reproduisent en toute occasion ou, généralement, de la

  1. Livre II, chap. I à XVII.