Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même manière. Et, en effet, les actions indépendantes de la nature ne peuvent donner lieu à la recherche approfondie d’une explication naturelle ou de quelque autre cause, et il semblerait plus exact d’en attribuer l’origine au hasard.

XIV. Sont l’effet de la contrainte toutes les actions que l’on accomplit indépendamment d’une passion ou d’un calcul.

XV. Sont dues à l’habitude toutes celles que l’on accomplit parce qu’on les a souvent faites.

XVI. Sont dues au calcul toutes celles qui semblent (à leur auteur) avoir une utilité dans l’ordre de ce que nous avons appelé des biens, soit comme but final, soit comme acheminement à ce but, lorsqu’elles sont accomplies en vue de l’utilité. En effet, les intempérants peuvent faire certaines choses utiles ; seulement ils ne les font pas en vue de leur utilité, mais en vue du plaisir.

XVII. Sont dues à la colère et à l’irascibilité celles qui aboutissent à une vengeance. Or il y a une différence entre la vengeance et le châtiment. Dans le châtiment, on considère celui qui le subit, tandis que, dans la vengeance, on a plutôt souci de celui qui l’exerce, le but de celui-ci étant de se donner une satisfaction. Quant aux questions relatives à l’irascibilité, elles seront clairement traitées lorsque nous parlerons des passions[1].

XVIII. On accomplit, sous l’influence d’un désir passionné, toutes les actions où l’on trouve quelque chose d’agréable ; or ce qui nous est familier et ce qui est entré dans nos habitudes compte parmi les choses agréables ; car un grand nombre des actions qui ne sont pas agréables naturellement, on les fait avec

  1. Livre II, chap. II.