Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fait ; c’est par où son livre est original ; et aujourd’hui encore, cette théorie n’est pas moins neuve que lorsqu’il remarquait qu’elle était aussi ignorée qu’importante. » (Étude, etc., p. 35.)

Sur la question de l’élocution, nous ne pouvons mieux faire, pareillement, que de reproduire le passage suivant du même auteur : « Aristote nous apprend que jusqu’à lui la doctrine de l’élocution n’avait été qu’ébauchée. Ce témoignage prouve, ce qu’on reconnaît d’ailleurs, que les sophistes, qui avaient beaucoup travaillé sur le langage, s’étaient plus occupés de la grammaire et du nombre, ou de la composition de la phrase, que du mérite de l’expression. Dans cette partie de la rhétorique comme dans le reste, Aristote est allé au fond des choses ; traitant du style comme il avait fait du raisonnement, il en a recherché les lois générales et les principes essentiels. » (P. 93.)

Au commencement du livre IIIe de la Rhétorique, Aristote établit que personne avant lui n’a traité de l’action oratoire, et le paragraphe où il détermine le rang qui lui convient dans l’art renferme, en quelque sorte, la pensée générale qui a présidé à la composition de l’ouvrage. « Un traité de rhétorique, dit-il, doit être rédigé tout entier au point de vue de l’opinion, etc. » (L. III, ch. I, § 5.)

Quant au plan du traité, L. Spengel a cherché à démontrer que, pour le livre IIe, il y avait désaccord entre celui qu’Aristote annonce dans le premier et la disposition que présente actuellement ce second livre. (Mémoires de l’Académie de Bavière ; Philosophie, t. XXVII, 1851). Nous n’avons trouvé aucun rappel de cette assertion dans l’édition donnée par le savant philologue en 1867. M. Thurot l’a combattue et son avis est qu’il n’y a rien à déplacer. « La rédaction d’Aristote est sans doute irrégulière ; il a eu tort de suivre un autre plan que celui qui semble annoncé par ses divisions générales. Mais ces irrégularités sont très fréquentes dans Aristote. (Suivent de nombreux exemples.) En résumé, la division en lieux et en propositions spéciales, qu’Aristote semble établir sur les mêmes principes, en dialectique et en rhétorique, repose, en réalité, sur des principes tout différents dans