Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/19

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les deux arts. Il y a là, dans le fond des idées, une confusion qui a dû s’étendre au langage. » (Étude, etc., p. 235.) M. Havet estime que la « Rhétorique » est un des ouvrages du Stagirite où règne l’ordre le plus lucide. Il rappelle que la Métaphysique, la Politique, la Poétique même, l’Histoire des animaux ont donné lieu à des controverses sur la disposition de leurs parties. « Quant à la Rhétorique, les trois livres qui la composent sont parfaitement à leur place, et, dans chacun d’eux, il y a un plan général très régulier. Rien de plus facile à faire que le sommaire de l’ouvrage : De la rhétorique en général ; de l’argumentation ; moyens d’argumentation particuliers à chaque genre : genre délibératif, genre épidictique, genre judiciaire (parmi les moyens qui se rapportent à ce dernier genre est comprise l’étude des passions et des mœurs) ; moyens qui conviennent également à tous les genres : l’exemple, l’apologue, la sentence, l’enthymème (lieux communs pour l’enthymème) ; de l’élocution ; des éléments du style ; des qualités du style ; des traits brillants ; des divers genres de style ; de la disposition et des parties du discours : exorde, narration, confirmation, péroraison. Ce n’est donc que dans l’exposé des détails qu’il se trouve de la confusion et du désordre, mais cela arrive assez souvent, etc. » (Étude, etc., p. 56.)

À quelle époque fut composée la Rhétorique d’Aristote ? Cette question, agitée déjà dans l’antiquité, n’est pas encore définitivement résolue. Denys d’Halicarnasse opinait pour la période comprise entre 334 et 324. Parmi les modernes, Max Schmidt a traité le sujet ex professo. (Commentatio de tempore quo ab Aristotele libri de arte rhetorica conscripti et editi fuerint. Halæ Sax., 1837, in-4o.) Il croit que l’ouvrage fut rédigé par Aristote pendant sa jeunesse, puis retouché plusieurs fois et enfin publié entre 335 et 322, en tout cas après la mort de Théodecte (336), qui dut composer sa Rhétorique, peut-être avec les conseils d’Aristote, avant l’année 347. Aristote a cité dans la Rhétorique, et par conséquent a dû composer, antérieurement à ce traité, les Premières Analytiques, les Méthodiques (ouvrage perdu), les Théodectes (si l’on admet, comme Schmidt, que c’est là une œuvre aristotélique), la Poétique et la Politique. Leonhard Spengel place