Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doive amener une peine très vive. C’est pourquoi les indices qui annoncent de tels actes inspirent de l’effroi, car ce qui effraye nous apparaît comme tout proche ; c’est là ce qui constitue le péril (autrement dit) l’arrivée prochaine d’une chose effrayante.

III. À cet ordre de faits appartiennent l’inimitié et la colère des gens qui ont une action sur nous, car il est évident qu’ils en ont à la fois et le pouvoir et la volonté.

IV. De même l’injustice qui possède la puissance ; car c’est par l’intention que l’homme injuste est injuste.

V. De même la vertu outragée qui possède la puissance ; car il est évident que, à la suite d’un outrage, elle veut toujours (se venger), mais que, dans le cas présent, elle le peut.

VI. Ajoutons la crainte que nous inspirent ceux qui peuvent nous faire quelque mal, car il arrive nécessairement qu’une personne animée d’une telle crainte prend ses mesures en conséquence.

VII. Comme il y a beaucoup de gens pervers, dominés par l’appât du gain et remplis de peur en face du danger, c’est une cause de crainte, le plus souvent, que d’être à la merci d’un autre. Par suite, ceux qui se rendent complices d’une action dangereuse donnent à craindre qu’ils ne trahissent, ou fassent défection.

VIII. Ceux qui sont en état de commettre un préjudice donnent toujours des craintes à ceux qui sont dans le cas d’être préjudiciés ; et en effet, les hommes commettent des injustices presque aussi souvent qu’ils en ont le pouvoir. Il en est de même de ceux qui ont subi un préjudice, ou qui peuvent en avoir subi ; car ils guettent toujours l’occasion de se venger. De même encore ceux qui en ont fait subir donnent à craindre