Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/268

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manière et avec quels arguments nous mettrons les discours en rapport avec les mœurs.

II. Mais, comme chaque genre de discours a une fin différente, et que, pour tous ces discours, on a exposé les opinions et les propositions d’où se tirent les preuves dans les genres délibératif, démonstratif ou judiciaire, et que, de plus, on a spécifié les arguments dont se composent les discours en rapport avec les mœurs, il nous reste à discourir sur les (lieux) communs.

III. En effet, il est nécessaire à tous les orateurs d’employer, dans leurs discours, en outre (des arguments spéciaux), ceux qui reposent sur le possible et l’impossible ; et ils ont à tâcher de montrer : les uns, que la chose en question aura lieu, les autres, qu’elle a eu lieu.

IV. Ce n’est pas tout : la question d’importance est un lieu commun à tous les genres de discours ; car tout le monde emploie des arguments qui tendent soit à diminuer, soit à grandir l’importance d’un fait, soit que l’on conseille ou que l’on dissuade, qu’on fasse un éloge, ou qu’on présente une défense.

V. Ces points déterminés, nous essayerons de parler des enthymèmes en général, si nous le pouvons, ainsi que des exemples, afin qu’après y avoir ajouté tout ce qui reste à dire, nous ayons rempli tout le programme que nous avons tracé dès le principe. Parmi les lieux communs, celui qui sert à l'amplification est, nous l’avons dit [1], celui qui convient le mieux aux discours démonstratifs ; le fait accompli, aux discours judiciaires, car c’est sur ces sortes de faits que porte le jugement ; — enfin le possible et le futur aux discours délibératifs.

  1. Liv. I, chap. IX.