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atteint ce résultat en faisant paraître l’orateur comme énonçant une sentence générale à propos de l’objet particulier de ses intentions : de sorte que, si les sentences sont honnêtes, elles donnent aux mœurs de l’orateur une apparence honnête aussi.

Ainsi donc, voilà qui est dit sur la sentence, sa nature, ses diverses espèces, ses applications et son utilité.


CHAPITRE XXII


Des enthymèmes.


I. Parlons maintenant des enthymèmes ; voyons de quelle manière il faut les chercher ; puis, après les enthymèmes, des lieux ; car ce sont deux espèces de choses différentes.

II. L’enthymème est un syllogisme, on l’a dit précédemment [1]. Nous avons montré aussi comment se forment les syllogismes (oratoires) et en quoi ils diffèrent de ceux de la dialectique.

III. En effet, il ne faut pas, ici, conclure en reprenant l’argument de loin, ni en admettant tous les termes ; le premier de ces procédés ferait naître l’obscurité de la longueur et, par le second, il y aurait redondance, puisqu’on dirait des choses évidentes. C’est ce qui fait que, dans les foules, les gens sans instruction sont plus persuasifs que ceux qui sont instruits. Ainsi les poètes disent que les gens sans instruction, devant une foule, parlent avec plus d’art[2] (que les autres) ; car ces der-

  1. Liv. I, chap. II, § 8.
  2. Cp. Euripide, Hippolyte, v. 994-995,