Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/296

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consulté à Olympie, pour voir si l’avis donné (par le fils)[1] serait conforme à celui du père, jugeant qu’il serait honteux qu’il y eût contradiction. C’est ainsi qu’Isocrate, dans l’Éloge d’Hélène, a écrit qu’elle fut une femme de valeur, puisque Thésée la jugea telle ; il en dit autant d’Alexandre[2], « lui que les déesses choisirent pour juge. » Dans son éloge d’Évagoras, Isocrate, pour prouver que c’était un homme de valeur, rappelle que « Conon dans son infortune, laissant de côté tous les autres, se rendit auprès d’Évagoras[3]. »

XIII. Un autre lieu se tire des parties[4], comme dans les Topiques, où l’on a vu « en quelle sorte de mouvement est l’âme », car c’est tel mouvement ou tel autre. Exemple tiré du Socrate de Théodecte : « Envers quel sanctuaire fut-il impie ? quels sont les dieux qu’il n’a pas honorés, parmi ceux que la ville (d’Athènes) reconnaît ? »

XIV. Un autre lieu, en raison de ce fait que, dans la plupart des circonstances, il y a, comme conséquence, un mélange de bien et de mal, consiste à établir les arguments d’après cette conséquence pour exhorter ou dissuader, accuser ou défendre, louer ou blâmer. Exemple : l’instruction a pour conséquence d’exciter l’envie, ce qui est un mal ; mais aussi être savant est un bien ; donc il ne faut pas s’instruire, car il ne faut pas exciter l’envie ; mais il faut s’instruire, car il faut être savant. Ce lieu constitue l’art de Callippe, qui

  1. L’avis d’Apollon, fils de Jupiter.
  2. Pâris. Cp. Isocr., El. d’Hélène, §§ 18-23.
  3. Isocr. Evagoras, §§ 51 et suiv.
  4. C’est-à-dire de l’énumération des parties. Cp. Topiques, II, 4, 3.