Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/297

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admet en outre le possible et les autres cas expliqués précédemment[1].

XV. Un autre lieu, c’est, lorsque l’on doit exhorter on détourner au sujet des deux questions opposées, d’appliquer aux deux questions le lieu dont on vient de parler. Il en diffère en ce que là ce sont deux termes quelconques que l’on oppose, tandis que, ici, se sont les contraires. Exemple : une prêtresse ne voulait pas permettre à son fils de parler en public : « Si tu avances des choses conformes à la justice, lui dit-elle, ce sont les hommes qui te haïront ; si des choses injustes, ce sont les dieux. » Par contre : « Il faut parler en public ; car, si tu avances des choses conformes à ta justice, ce sont les dieux qui t’aimeront, et si des choses injustes, ce sont les hommes. » C’est la même chose que ce que l’on appelle « acheter le marais et son sel[2] ». Le raisonnement a ses conclusions tournées en dehors lorsque, deux termes étant contraires, un bien et un mal sont la conséquence de chacun d’eux, et que chacun d’eux a une conséquence contraire à celle de l’autre.

XVI. Un autre lieu est celui-ci : comme on ne loue pas les mêmes choses ouvertement et en secret, mais que ce sont principalement celles qui sont justes et belles qu’on loue ouvertement et les choses utiles qu’on louera de préférence à part soi, on doit tâcher de conclure l’autre de ces deux choses[3] ; car ce lieu est celui qui a le plus de force quand il s’agit d’assertions paradoxales.

XVII. Un autre se tire des faits qui présentent une

  1. Liv. II, chap, XIX. Callippe, d’Athènes, disciple de Platon. Nous lisons ὅσ’ εἴρηται avec Spengel.
  2. Rapprocher de ce dicton grec, avec M. Bonafous, le proverbe italien : « Comprare il miele colle mosche. »
  3. Celle qui n’a pas été énoncée.