Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/30

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trois points. Leurs éléments d’imitation sont autres ; autres les objets imités, autres enfin les procédés et la manière dont on imite. En effet, de même que certains imitent beaucoup de choses avec des couleurs et des gestes, les uns au moyen de l’art, d’autres par habitude, d’autres encore avec l’aide de la nature (seule)[1], de même, parmi les arts précités, tous produisent l’imitation au moyen du rythme, du langage et de l’harmonie[2], employés séparément ou mélangés.

III. Ainsi l’harmonie et le rythme sont mis seuls en usage dans l’aulétique, la citharistique et dans les autres arts qui ont un rôle analogue, tel que celui de la syrinx[3].

IV. Le rythme est l’unique élément d’imitation dans l’art des danseurs, abstraction faite de l’harmonie. En effet, c’est par des rythmes figurés[4] qu’ils imitent les mœurs, les passions et les actions.

V. L’épopée n’emploie que le langage pur et simple[5], ou les mètres, soit qu’elle mélange ceux-ci entre eux, ou qu’elle ne vienne à mettre en usage qu’un seul genre de mètre, comme on l’a fait jusqu’à présent.

VI. Nous ne pourrions en effet donner une (autre) dénomination commune aux mimes de Sophron, à ceux de Xénarque[6], et aux discours socratiques, pas plus qu’aux œuvres d’imitation composées en trimètres, en vers élégiaques, ou en d’autres mètres analogues, à moins que, reliant la composition au

  1. Manuscrits : διὰ φωνῆς. — Correction de Madius. Cp. chap. VII, 3 : διὰ τέχνην, διὰ φύσιν. D. Heinsius a proposé διὰ ἀμφοῖν, lecture adoptée par Dacier et l’abbé Batteux.
  2. Ἁρμονία. C’est, ici, la musique, considérée uniquement sous le rapport des sons mélodiques.
  3. Flûte de Pan
  4. Ou plutôt par des figures rythmées.
  5. La prose.
  6. Fils de Sophron.