Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/31

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mètre employé, l’on n’appelle les auteurs poètes élégiaques ou poètes épiques et qu’on ne leur donne ainsi la qualification de poètes, non pas d’après le genre d’imitation qu’ils traitent, mais, indistinctement, en raison du mètre (qu’ils adoptent). Il est vrai que les auteurs qui exposent en vers quelque point de médecine ou de physique reçoivent d’ordinaire cette qualification ; mais, entre Homère et Empédocle, il n’y a de commun que l’emploi du mètre. Aussi est-il juste d’appeler le premier un poète et le second un physicien, plutôt qu’un poète. Supposé, semblablement, qu’un auteur fasse une œuvre d’imitation en mélangeant divers mètres, comme Chérémon dans le Centaure[1], rapsodie où sont confondus des mètres de toute sorte, il ne faudrait pas moins lui donner le nom de poète. Telles sont les distinctions à établir en ces matières.

VII. Il y a des genres de poésie qui emploient tous les éléments nommés plus haut, savoir : le rythme, le chant et le mètre ; ce sont la poésie dithyrambique, celle des nomes[2], la tragédie et la comédie. Ces genres diffèrent en ce que les uns emploient ces trois choses à la fois, et les autres quelqu’une d’entre elles séparément.

VIII. Voilà pour les différences qui existent entre les arts, quant à la pratique de l’imitation.

  1. Athénée appelle ce poème dramatique : δρᾶμα πολύμετρον. Deipnosophistes, l. XIII, p. 608, E.
  2. Chants religieux et autres.