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met en œuvre les mots de « gloire » et de « Mémoire[1] » et cette expression : « Ceux qui ont enduré…[2] » Car c’est dans ces termes que s’expriment ceux qu’emporte l’enthousiasme. De cette façon, l’auditoire évidemment accepte un tel langage, une fois mis dans le même état d’esprit. Aussi ce style convient-il pareillement à la poésie ; car la poésie a quelque chose d’inspiré. Il faut donc s’exprimer ainsi, ou bien le faire avec ironie, comme le faisait Gorgias, ou comme on le voit dans le Phèdre[3].


CHAPITRE VIII


Sur le rythme oratoire.


I. L’élocution ne doit ni affecter la forme métrique, ni être dépourvue de rythme. Si elle est métrique, elle n’est pas probante, car elle paraît empruntée, et eu même temps elle distrait l’auditeur, en portant son attention sur la symétrie et sur le retour de la cadence ; tout comme les gamins préviennent le crieur lorsqu’il demande qui est-ce que l’affranchi adoptera pour patron[4], en disant : « C’est Cléon [5]

II. Si le discours manque de rythme, la phrase ne finit pas. Or il faut que la phrase finisse, mais non pas au moyen du mètre. Un discours sans repos final

  1. Isocrate, Panégyr., § 186. — Voir la note de F.-A.-G Spohn, dans son édition du Panégyrique, revue par J.-G. Baiter.
  2. Panégyr., § 97.
  3. Platon, Phèdre, p.138, où Socrate se dit ironiquement inspiré par les nymphes du lieu, νυμφόληπτος.
  4. Τίνα αἱρεῖται ἐπίτροπον.
  5. Allusion possible à quelque scène de comédie.