Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’élocution qui renferme en elle-même un commencement et une fin, ainsi qu’une étendue qu’on peut embrasser d’un coup d’œil. Elle est agréable et facile à saisir : agréable, parce qu’elle est le contraire de celle qui ne finit pas et que l’auditeur croit toujours posséder un sens, vu qu’on lui présente toujours un sens défini, tandis qu’il est désagréable de ne pouvoir jamais rien prévoir, ni aboutir à rien ; — facile à saisir en ce qu’elle est aisément retenue, ce qui tient à ce que l’élocution périodique est assujettie au nombre, condition la plus favorable à la mémoire, d’où vient que tout le monde retient les vers mieux que la prose ; car ils sont assujettis au nombre, qui leur sert de mesure.

IV. Il faut que la période se termine avec le sens et ne soit pas morcelée, comme ces ïambes de Sophocle (sic) :

Καλυδὡν μὲν, ἤδε γαῖα Πελοπείας χθονοός…[1]

En effet, cette division pourrait faire comprendre tout autre chose que (la pensée du poète), comme qui dirait, dans cet exemple, que Calydon est dans le Péloponnèse.

V. La période est tantôt composée de membres, tantôt tout unie. La période composée de membres est à la fois achevée et divisée, avec des repos commodes pour la respiration, établis non pas dans chaque partie comme pour la période précitée, mais dans sa totalité. Le membre est l’une de ces deux parties[2]. J’appelle période tout unie celle qui n’a qu’un membre.

VI. Les membres, ainsi que les périodes, ne doivent[3]

  1. « Calydon, cette ville du pays de Pélops… », vers du Méléagre d’Euripide. Le Philoctète, de Sophocle, commence à peu près même : Ἀκτὴ μὲν της περιρρύτου χθονός;… Cp. Démétrius.
  2. Cp. Démétrius, § 34.
  3. "Calydon, cette ville du pays de Pélops…", vers du Méléagre d’Euripide. Le Philoctète, de Sophocle, commence à peu près même : ƒAkt¯ m¢n t°w perirrætou xyonñw ;… Cp. Démétrius.