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XVI. Les hyperboles ont quelque chose de juvénile, car elles marquent de la véhémence ; c’est pourquoi elles viennent souvent à la bouche des gens en colère :

Non, quand il me donnerait autant (de présents) que de grains de sable ou de poussière,
je n’épouserais pas la fille d’Agammnon, fils d’Atrée ; non, quand même elle rivaliserait en beauté avec Aphrodite (aux cheveux) d’or, et en talents avec Athéné[1].

Les hyperboles sont principalement en usage chez les orateurs athéniens. Pour la raison donnée plus haut, elles ne conviennent pas dans la bouche d’un vieillard.


CHAPITRE XII


À chaque genre convient une diction différente.


I. Il ne faut pas ignorer que chaque genre (oratoire) s’accommode d’un genre différent d’élocution. On n’emploie pas la même dans le discours écrit et dans le discours débité en public, ni la même dans les harangues et au barreau. Seulement il faut posséder ce double talent : d’abord celui de savoir parler grec, ensuite de ne pas être réduit à se taire lorsqu’on veut se mettre en communication avec les autres, ce qui est le sort de ceux qui ne savent pas écrire.

II. L’élocution écrite est celle qui a le plus de précision ; celle des débats se prête le mieux à l’action. Cette dernière est de deux espèces : elle est morale, elle est pathétique. Aussi les acteurs recherchent l’un et l’autre de ces caractères dans les drames, et les

  1. Homère, Iliade, IX, 385 et suiv.