Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/390

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lui le savait. Lampon lui dit que oui. — « Eh ! comment le sais-tu, n’étant pas initié ? »

II. En second lieu, lorsque le premier point est évident, mais qu’il est visible pour l’interrogateur que l’autre point lui sera concédé ; car, s’informant sur une première proposition, il ne faut pas que sa seconde question porte sur un point évident, mais qu’il énonce la conclusion. Ainsi Socrate : Mélitus disant que celui-ci ne croyait pas à l’existence des dieux, il lui demanda si lui, Socrate, affirmait l’existence d’un démon. Mélitus en tomba d’accord. Socrate poursuivit : « Les démons sont-ils des enfants des dieux, ou enfin quelque chose de divin ? » Mélitus disant que oui : « Est-il quelqu’un au monde, dit Socrate, qui admette l’existence d’enfants des dieux sans admettre celle des dieux ? »

III. De même encore, lorsque l’on va faire voir que (l’adversaire) dit des choses contradictoires ou paradoxales.

IV. En quatrième lieu, lorsque l’on ne peut répondre, pour détruire l’assertion avancée, que d’une manière sophistique. Car, si l’on répond de cette manière qu’il y a ceci, mais qu’il y a aussi cela, bien que tantôt il y ait ceci et tantôt cela, ou encore qu’il y a ceci à certains égards, mais cela sous tel autre point de vue, il en résulte que les auditeurs sont déroutés et se troublent. Il ne faut pas opérer ainsi dans d’autres circonstances ; car, si l’adversaire fait une objection, on semble rendre les armes. Il n’est pas possible de faire un grand nombre de questions, à cause de la faiblesse de l’auditeur. Aussi doit-on serrer le plus possible les enthymèmes.

V. Maintenant, il faut répondre d’abord aux équivoques en établissant des distinctions dans une argu-