Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/62

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V. Le troisième point, c’est la ressemblance. Car c’est autre chose que de représenter un caractère honnête et (un caractère) en rapport de convenance (avec le personnage), comme on l’a dit.

VI. Le quatrième, c’est l’égalité. Et en effet, le personnage qui présente une imitation et qui suppose un tel caractère, lors même qu’il serait inégal, devra être également inégal.

VII. Un exemple de perversité morale non nécessaire[1] c’est le Ménélas d’Oreste ; de caractère dépourvu de décence et convenance, la lamentation d’Ulysse, dans Scylla[2], et le discours de Mélanippe[3] ; de rôle inégal, Iphigénie à Aulis[4] ; car, dans les scènes où elle est suppliante, elle ne ressemble en rien à ce qu’elle se montre plus tard.

VIII. Or il faut, dans les mœurs comme dans la constitution des faits, toujours rechercher ou le nécessaire, ou la vraisemblance, de manière que tel personnage parle ou agisse conformément à la nécessité ou à la vraisemblance, et qu’il y ait nécessité ou vraisemblance dans la succession des événements.

IX. Il est donc évident que le dénouement des fables doit survenir par le moyen de la fable elle-même et non pas, comme dans Médée, par une machine[5] et comme, dans l’Iliade, ce qui concerne le rembarquement[6]. Mais il faut se servir de machine pour ce qui est en dehors du drame, pour tout ce qui le précède et que

  1. On admet ici la correction de M. Thurot ἀναγκαίας, ou même ἀναγκαίου. (Revue critique, février 1875, p. 132.)
  2. Pièce dont l’auteur est resté inconnu.
  3. Tragédie perdue d’Euripide.
  4. Vettori observe qu’il manque ici un exemple de rôle non semblable.
  5. Dans Médée, c’est le Soleil qui fait office de Deus ex machina (vers 1319-22).
  6. Voir Egger (Critique chez les Grecs, p. 136 et suiv.).