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sont donc mis dans la nécessité de s’adresser aux familles dans lesquelles ces événements se sont produits.

XX. On s’est expliqué suffisamment sur la constitution des faits et sur les qualités que doivent avoir les fables.


CHAPITRE XV


Des mœurs dans la tragédie. — De ce qu’il convient de mettre sur la scène. — De l’art d’embellir les caractères.


I. En ce qui concerne les mœurs[1], il y a quatre points auxquels on doit tendre ; l’un, le premier, c’est qu’elles soient bonnes.

II. Le personnage aura des mœurs si, comme on l’a dit[2], la parole ou l’action fait révéler un dessein ; de bonnes mœurs, si le dessein révélé est bon.

III. Chaque classe de personnes a son genre de bonté : il y a celle de la femme, celle de l’esclave, bien que le caractère moral de l’une soit peut-être moins bon, et celui de l’autre absolument mauvais[3].

IV. Le second point, c’est que (les mœurs) soient en rapport de convenance (avec le personnage). Ainsi la bravoure[4] est un trait de caractère, mais il ne convient pas à un rôle de femme d’être brave ou terrible.

  1. L’auteur passe à la seconde des parties de la tragédie énumérées chap. VI, § 8.
  2. Chap. VII, § 12.
  3. Aristote semble contester à la femme et à l’esclave non pas la capacité et la bonté, mais plutôt la responsabilité morale de leurs actes. (Cp. son Histoire des Animaux, chap. IX, 1, et ses Problèmes, chap. XXIX, 11.)
  4. L’édition de G. Christ (coll. Teubner) propose l’addition de Ἀταλάντης après ἔστι γὰρ.