Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/83

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X. Pour voir jusqu’à quel point la convenance est observée, il faut considérer la question dans les vers en faisant entrer les noms dans un mètre. Pour la glose, pour la métaphore et pour les autres formes, en y substituant le terme propre, on pourrait reconnaître que nous disons la vérité. Ainsi Euripide et Eschyle mettant le même vers ïambique, l’un, en changeant un seul nom et faisant une glose à la place du terme propre employé habituellement, donne à ses vers une belle apparence, tandis que l’autre est tout simple ; car Eschyle, dans son Philoctète, voulant dire :

L’ulcère qui mange (ἐσθίει) les chairs de mon pied,

au verbe (ἐσθίει) a substitué le mot θοινᾶται (se repaît).

Et encore :

Mais maintenant lui qui est exigu, et sans valeur aucune et sans vigueur, il m’a…

Si l’on voulait substituer les termes propres, on dirait :

Mais maintenant lui qui est petit, débile et laid, il m’a…[1]

ou (au lieu de) :

Après avoir déposé à terre un misérable siège[2] et une modeste table,
Après avoir déposé à terre un mauvais siège[3] et une petite table ;
  1. Aristote oppose les termes ὀλίγος, οὐτιδανὸς, ἄκικυς, aux termes μικρὸς, ἀσθενικὸς, ἀειδής.
  2. Δίφρον μοχθηρὸν μικράν τε τράπεζαν.
  3. Δίφρον ἀεικέλιον ὀλίγην τε τράπεζαν.