Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/110

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une espèce différente ? et, en général, le soin de la subsistance est-il le même que l’art d’acquérir ?

3. D’un autre côté, il y a bien des espèces d’aliments, et, par cette raison, bien des manières de vivre différentes, tant parmi les animaux que parmi les hommes : car il n’y a pas moyen de vivre sans nourriture, en sorte que les différences en ce genre ont introduit des différences analogues dans la vie des animaux. En effet, les uns vivent en troupes, et les autres isolés et disséminés, suivant qu’il convient à leur manière de se nourrir, attendu que les uns sont carnivores, les autres frugivores, et d’autres, s’il le faut ainsi dire, omnivores ; en sorte que la nature elle-même distingue et sépare leurs divers genres de vie, pour leur donner la facilité de se procurer les aliments qu’ils préfèrent. D’ailleurs, la nature n’a pas donné à tous le même attrait pour une même nourriture ; mais les uns préfèrent certains aliments, les autres en préfèrent d’autres, et même les manières de vivre des animaux, soit carnivores, soit frugivores, diffèrent beaucoup entre elles.

4. Il en faut dire autant de celles des hommes, qui diffèrent aussi dans bien des cas. Ainsi les uns, enclins à la paresse, sont nomades ; car la nourriture que donnent les troupeaux s’obtient sans travail et sans peine ; et comme le bétail est forcé de changer de contrées pour le pâturage, les hommes sont aussi forcés de le suivre, exerçant, pour ainsi dire, une agriculture vivante. D’autres vivent de la chasse, mais les uns d’une façon, et les autres d’une LIVRE I.