Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/38

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DISCOURS

être accusés et punis, quand ils violent les lois, la publicité des jugements, la participation des citoyens de toutes les classes (formant comme un jury dans toutes les causes où il s’agit de l’intérêt de la patrie ), lui semblent des conditions indispensables à une bonne organisation de cette partie de l’ordre public.

Les grands hommes d’état qui ont véritablement servi la patrie, et qui ont acquis des droits immortels à l’admiration et à la reconnaissance de leurs concitoyens, ne sont pas, suivant ce philosophe, ceux qui ont étendu la puissance ou la domination de la république, sur d’autres états, qui l’ont agrandie ou enrichie aux dépens des peuples voisins, qui l’ont embellie ou ornée par les monuments des arts, qui ont fait construire des ports, des arsenaux, des murailles fortifiées. Ce ne sont pas ceux qui ont fait beaucoup pour, ce qu’on appelle la gloire d’un état, mais qui n’ont rien fait pour son bonheur. Car il arrive, au contraire, presque toujours, que par cette exagération des forces de la cité, employées dans de pareilles vues, ils lui préparent pour l’avenir un affaiblissement proportionné, et quelquefois une ruine complète, accompagnée des plus cruelles et des plus horribles calamités (1). La véritable science politique consiste, suivant le

(1) Voy. le Gorgias de Platon, p. 506 et suiv. PRÉLIMINAIRE. xxxvij