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LIVRE I, CH. IV, § 8.

traires également[1]. Or les oppositions de lieu par contraires[2] sont le haut et le bas, le devant et le derrière, à droite et à gauche ; et les oppositions du mouvement suivent les oppositions mêmes des lieux. § 8. Si ces oppositions étaient égales[3], il n’y aurait plus dans ce cas de mouvement pour les deux corps ; et si l’un des mouvements était le plus fort et l’emportait[4], l’autre mouvement ne pourrait plus se produire[5]. Par conséquent, si ces deux mouvements existaient à la fois[6], l’un des deux corps serait bien inutile, puisqu’il n’aurait pas le mouvement qui devrait lui appartenir. C’est ainsi que nous disons d’une chaussure[7] qu’elle est inutile quand on ne peut pas s’en chausser. Mais Dieu[8] et la nature ne font jamais rien d’inutile ni de vain.

  1. Voir la Physique, livre VIII, ch. 14, § 1 et suiv., t. II, p. 553 de ma traduction.
  2. Ou plus brièvement : « les contrariétés de lieu. »
  3. Ou peut-être encore : « Si ces forces étaient égales. » Le texte est indéterminé.
  4. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  5. Parce qu’il serait neutralisé, étant le plus faible.
  6. Le texte est moins précis.
  7. Comparaison vulgaire et assez inattendue dans un sujet si relevé. C’est peut-être une interpolation.
  8. Fécond principe qu’Aristote a toujours soutenu, et qu’on aurait le plus grand tort de bannir de la philosophie. Voir l’admirable apologie de la nature et la réfutation développée du système du hasard, Physique, livre II, ch. 8, t. II, p. 52 de ma traduction.