Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gane isolément, et en le suivant dans toutes les espèces d’une classe, on le voit se dégrader avec une uniformité singulière. Dans des espèces même où cet organe n’est plus d’aucun usage, on l’aperçoit encore en partie, et comme en vestige, « en sorte que la nature semble ne l’y avoir laissé que pour ne point faire de saut. » Mais Cuvier ne croit pas, comme l’ont pensé quelques naturalistes, qu’on puisse ranger les êtres en une série unique, qui les comprendrait tous, sans exception, commençant au plus compliqué et finissant au plus simple, de telle manière que l’esprit passerait de l’un à l’autre sans presque apercevoir d’intervalle et par nuances insensibles. L’échelle des êtres, ainsi entendue, ne paraît à Cuvier qu’une chimère. « Tant qu’on reste dans les mêmes combinaisons d’organes, ces nuances délicates s’observent bien en effet ; les animaux semblent formés sur un plan commun ; mais du moment qu’on passe à des combinaisons d’organes différentes, il n’y a plus de ressemblance en rien, et l’on ne peut plus méconnaître l’intervalle ou le saut le plus marqué. »