Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/127

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d’autant plus grave que d’autres naturalistes, non moins autorisés, ont soutenu des opinions toutes contraires. Buffon a prétendu qu’il n’y a dans la nature que des individus, et que les genres, les ordres et les classes n’existent que dans notre imagination. (Discours sur la manière d’étudier l’Histoire naturelle, édit. de 1829, tome 1, p. 79.) Il n’en admire pas moins la nature, et il l’étudie aussi passionnément qu’Agassiz ; seulement « il craint que nous ne portions dans la réalité des ouvrages de Dieu les abstractions de notre esprit borné, et que nous ne lui accordions, pour ainsi dire, qu’autant d’idées que nous en avons. » C’est par un scrupule de pieuse vénération que Buffon a proscrit des méthodes qui sont trop étroites pour embrasser l’universalité des choses, et pour les classer selon leurs vrais rapports. Agassiz n’a pas ressenti de ces scrupules exagérés ; et ses théories sont plus fermes et non moins religieuses que celles du naturaliste français. Il ne croit pas plus que lui qu’aucune méthode, ni qu’aucune classification, puisse jamais reproduire complètement la totalité des êtres dans leur ordre véritable