Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/144

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et qui n’obtient de réels progrès que par cette sage méthode. Mais la science prétendant gouverner la nature, c’est une imprudence qu’il faut laisser à l’idéalisme le plus audacieux, se substituant au créateur. Notre esprit ne fait pas la nature ; il la contemple telle qu’elle est. Si, en présence de l’infini, dont la nature est le reflet, nous pouvons quelquefois sentir notre force, nous sentons bien plus souvent encore, pour ne pas dire toujours, notre irrémédiable impuissance et notre disproportion incommensurable.

Ce qui peut expliquer, si ce n’est justifier, cette étrange hypothèse de Claude Bernard, c’est que, pour lui, la physiologie n’est pas une science naturelle ; elle est seulement expérimentale ; en d’autres termes, la vie ne se manifesterait à nous que par les expériences auxquelles nous soumettons les êtres vivants ; sans ces expériences, nous n’en saurions absolument rien. Que l’expérience soit fort utile à la science, tout le monde en convient ; mais préférer l’expérience à l’observation, ce serait une méprise des plus dangereuses et des moins excusables. L’expérience ne précède pas l’ob-