Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/145

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servation ; tout au contraire, elle la suit. L’observation, quelque attentive qu’elle soit, ne laisse que trop souvent des doutes et des indécisions ; c’est pour les dissiper que le savant doit recourir à un autre procédé. Il règle alors à son choix les conditions dans lesquelles il circonscrit et fait agir le phénomène. Mais le phénomène réel, que le savant cherche à comprendre, ne vient pas de lui ; il ne vient que de la nature. L’expérience n’a même aucun sens si on ne la conçoit pas ainsi ; car autrement l’expérimentateur ne ferait que retrouver dans l’expérience le phénomène qu’il y aurait mis, en l’imaginant lui-même. Ce serait un travail parfaitement vain et un leurre ; sans la nature, qui fournit préalablement le fait tel qu’il est, il n’y aurait pas même besoin d’explication.

La physiologie, se flattant de régir les manifestations de la vie, est donc une complète illusion. Cuvier l’a dit : « L’expérience contraint la nature à se dévoiler, » quand l’observation, qui a pour but de la surprendre, l’a trouvée rebelle et n’a pu la vaincre.

Claude Bernard a-t-il davantage raison quand, au lieu de la physiologie elle-même, il juge son