Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/171

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phénomènes se passent dans des conditions qui ne dépendent pas de celui qui les étudie. Dans ces sciences, il n’est pas permis de soustraire successivement les phénomènes à chaque condition et de réduire le problème à ses éléments, comme le fait l’expérimentateur. » On est contraint de prendre le problème tout entier avec toutes ses conditions à la fois ; et on ne peut l’analyser que par la pensée. Ceci est vrai surtout quand on essaie d’isoler les phénomènes complexes dont se compose la vie d’un animal ; car si un seul de ces phénomènes est supprimé, la vie entière s’anéantit. Cuvier ne proscrivait pas, pour cela, les expériences, ni peut-être même la vivisection ; mais il avertissait les savants que ces procédés sont périlleux, et il les mettait en garde contre l’abus. A-t-on respecté suffisamment ces prudents avis ? Nous ne savons, mais ce qu’on peut croire, c’est qu’il est toujours hasardeux de préparer soi-même une réalité factice, parce qu’on est trop disposé à la substituer à la réalité initiale qu’on n’a pas pu comprendre. C’est le fait d’une circonspection bien rare de ne pas voir dans l’expérience