Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/181

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son éphémère existence, est par lui-même assez beau et assez vaste, non-seulement pour suffire à notre passion de savoir, mais aussi pour dépasser de beaucoup toutes les énergies de notre intelligence. L’étonnement causé à nos esprits par les phénomènes naturels n’est pas moins vif aujourd’hui que quand jadis Aristote y trouvait la source première de la philosophie et de la réflexion. Mais le transformisme est venu changer tout cela ; au lieu de la nature qui subsiste immuablement devant nous, et qu’on étudie depuis quelques milliers d’années, parce qu’on a foi dans sa stabilité, il nous propose une nature qui échapperait à toute observation, à toute étude, à toute science, si elle était aussi variable et aussi fuyante qu’il veut la faire. N’est-ce pas remonter, par une autre voie, jusqu’à ces antiques systèmes qui admettaient le flux universel des choses et la perpétuelle mobilité de tout ce qui est ?

Le vieil Héraclite soutenait qu’on ne peut se baigner deux fois dans la même eau du fleuve qui s’écoule. Le transformisme contemporain ne met plus la mobilité dans l’eau courante, qui se dérobe, en se jouant de nous ; il la met