Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/190

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CLXXVI. La nature, qui existait sous ses yeux, n’est-elle pas toujours celle qui existe sous les nôtres ? Pouvons-nous la juger dans son caractère essentiel autrement que lui ? Et quand cet esprit incomparable déclare qu’il la trouve pleine de sagesse, quand il y découvre une providence, irons-nous élever notre voix contre la sienne, qui, d’ailleurs, est d’accord avec les plus grandes voix que le monde ait entendues et écoutées ? Il faudrait, pour se prononcer en sens contraire, une outrecuidance que nous n’avons pas ; et si, sur quelques points, on peut se séparer d’Aristote, sur ce point-là, il faut être à ses côtés et combattre avec lui.

Ajoutons que l’indépendance d’Aristote n’est pas plus douteuse que son génie ; il n’a obéi et ne pouvait obéir qu’à la conviction la plus libre. De nos jours, bien des savants ne s’aperçoivent pas qu’ils dérivent vers l’athéisme, qui est en vogue, par réaction passionnée et par haine rétrospective contre les idées religieuses. Depuis deux mille ans tout à l’heure que le christianisme s’est propagé, l’idée de Dieu, obscurcie dans le monde ancien, a envahi le monde moderne avec une force et une