Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/244

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fort bien que telle fonction, qui a reçu une dénomination toute pareille, présente néanmoins une énorme différence sous le rapport de l’espèce et de la forme. Telle est la locomotion dont les animaux sont doués. Formellement et spécifiquement, la locomotion n’est point une, puisqu’il y a une différence évidente entre le vol, la natation, la marche, et la reptation.

§ 7[1]. Il importe donc de se bien rendre compte du procédé qu’on doit adopter dans cet examen ; et ce que je veux dire, c’est qu’on doit bien savoir s’il faut tout d’abord étudier par genre les fonctions communes, et analyser ensuite toutes les fonctions propres et particulières à chaque espèce d’animal, ou bien s’il faut étudier sur-le-champ chaque animal considéré isolément. C’est là un point qui n’est pas encore fixé, non plus que cet autre point que nous devons également

  1. Étudier par genre les fonctions communes. C’est la méthode qu’Aristote adopte ; et c’est aussi celle de Cuvier, qui, après avoir décrit la fonction générale, la considère ensuite dans l’homme, dans les mammifères, dans les oiseaux, dans les reptiles, dans les poissons, mollusques, crustacés, insectes, zoophytes, etc., etc. — Chaque animal considéré isolément. Voir plus haut, § 5, où cette méthode est déjà repoussée. Un point qui n’est pas encore fixé. Au § 5, ce point de théorie paraît entièrement décidé. — Que cet autre point… Le texte n’est pas aussi précis ; mais le sens n’est pas douteux. — Dans leurs démonstrations d’astronomie. Au temps d’Aristote, l’astronomie avait déjà fait de grands progrès ; et le XIIe livre de la Métaphysique, chap. VIII, §§ 10 et 12, de ma traduction, suffirait seul à le prouver. Quant à la méthode des mathématiciens, dont Aristote paraît faire si grand cas, on doit s’en rapporter à lui, excellent juge en ces matières. Il paraît d’ailleurs que la méthode vantée ici par lui n’est au fond que la sienne ; et c’est la vraie : Observer d’abord les faits le plus complètement possible, et fonder la théorie sur l’observation. — Constater d’abord tous les faits. Aristote n’a jamais fait autre chose ; et les Modernes, qui ont cru découvrir la méthode d’observation, se sont trompés. Elle avait été comprise et pratiquée admirablement deux mille ans avant Bâcon, son inventeur soi-disant. — Expliquer ensuite le pourquoi et les causes. La science qui ne va pas jusque-là manque son véritable but, qui est de comprendre les choses ; elle se réduit alors à n’être qu’un savant recueil de faits curieux ou de faits matériellement utiles ; elle n’est plus qu’une recherche industrielle ou puérile. Aujourd’hui, il est de mode de proscrire les causes finales ; on reviendra de cette profonde erreur, que les grands esprits de notre temps n’ont pas partagée. Cuvier a cru toujours aux causes finales aussi fermement qu’Aristote lui-même ; il n’est pas une page de son Anatomie comparée, où il ne revienne à ce grand et infaillible principe : « La Nature ne fait rien en vain ». Voir aussi l’ouvrage de M. Paul Janet, sur les Causes finales.