Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/267

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§ 34[1]. Nous devons aussi savoir qu’il y a deux causes qu’il faut distinguer : l’une qui a une fin en vue, et l’autre qui vient de la nécessité ; car il y a beaucoup de choses qui arrivent uniquement parce qu’elles sont nécessaires. Mais quand les philosophes parlent de nécessité, on peut se demander de quelle nécessité ils entendent parler positivement. Des deux faces de la nécessité qui ont été définies par nous dans nos livres sur la Philosophie, aucune en histoire naturelle n’est possible. § 35[2]. Mais il y a une troisième espèce de nécessité qui se trouve dans les choses sujettes à naître

  1. L’une qui a une fin en vue. C’est une cause intelligente et libre. — Qui vient de la nécessité. Dans le sens, indiqué plus bas, d’une nécessité résultant d’une hypothèse, laquelle n’est pas elle-même nécessaire, mais dont les conséquences le sont. — Dans nos livres sur la Philosophie. Aristote mentionne encore cet important ouvrage dans la Physique, liv. II, ch. II, § 13, p. 16 de ma traduction. Selon Diogène de Laërte, cet ouvrage était en trois livres, liv. V, ch. I, p. 118, édit. Didot. Quelles sont les deux faces de la nécessité dont Aristote y parlait ? C’est à la Métaphysique, loc. cit., qu’il faut demander une réponse, d’ailleurs plus ou moins directe, à cette intéressante question.
  2. . Une troisième espèce de nécessité. C’est la nécessité qu’Aristote appelle très-justement Hypothétique, ou en d’autres termes. Conditionnelle. Cette nécessité résulte de l’hypothèse qu’on s’est posée, et qui exige certaines conditions pour être remplie. Ainsi quand on veut construire une maison, il y a certaines conditions absolument nécessaires pour qu’elle puisse être construite ; mais la maison elle-même n’est pas nécessaire, et l’on peut ne pas la construire. — De la nourriture. On peut dire de la même façon que la nourriture est nécessaire à l’animal, puisqu’il ne peut pas vivre sans elle ; mais l’animal n’est pas plus nécessaire que la maison. L’exemple de la hache et de la vrille donné un peu plus bas s’explique de la même manière. Il n’est pas nécessaire de couper du bois ; mais si l’on se propose d’en couper, il faut nécessairement un instrument de matière dure. — Il y a nécessité que le corps soit fait… C’est la théorie de Cuvier sur les conditions d’existence ; voir la Préface à l’Histoire des Animaux, p. CXXIV. 36. Deux nuances diverses. Ces deux nuances sont celles qui viennent d’être indiquées : telle cause est nécessaire d’une manière absolue ; telle autre ne l’est qu’hypothétiquement. — On doit tenir le plus grand compte. Excellent conseil de méthode, que l’auteur a, pour sa part, toujours essayé d’appliquer. — Sur la nature des choses. Le texte dit simplement : « Sur la nature ». Peut-être serait-il encore mieux de traduire : « Sur la nature des êtres », puisqu’il s’agit d’histoire naturelle. — La nature… la matière. Il est clair que ceci se rapporte plus particulièrement aux animaux. — Empédocle. Voir plus haut, § 15. — Entraîné par la force de la vérité. C’est une expression qui paraît plaire beaucoup à Aristote, et qu’il a employée plus d’une fois ; elle montre bien toute l’importance qu’il attachait à l’observation, méthode recommandée sans cesse par lui. — Le rapport des éléments. Et non plus la matière même de ces éléments. Le rapport proportionnel suppose toujours l’intervention d’une intelligence se proposant un but et réglant le rapport. — Sa définition de l’os. Aristote cite les vers d’Empédocle sur la composition des os dans le Traité de l’Ame, liv. I, ch. V, § 6, p. 150 de ma traduction. — Le rapport de leur mélange. Au lieu de Rapport, on pourrait traduire aussi : « La Raison de leur mélange ». Quelques commentateurs ont même compris qu’il s’agissait ici de l’Idée, qui préside au mélange et qui en mesure la proportion. — À la chair. Aussi bien qu’à l’os, dans les théories d’Empédocle.