Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/283

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réellement qu’une seule espèce, le sauvage et le privé ne peuvent constituer une différence.

§ 13[1]. Voilà les conséquences où l’on aboutit nécessairement en ne divisant une différence quelconque qu’une seule fois. Ce qu’il faut essayer de faire au contraire, c’est de prendre les animaux genre à genre, comme le fait le vulgaire, qui se contente de distinguer, par exemple, le genre de l’oiseau et le genre du poisson. On reconnaît alors dans l’un et dans l’autre des différences nombreuses, sans recourir à la dichotomie. En suivant cette méthode, ou l’on ne pourra pas du tout arriver à classer les êtres, parce que le même animal se trouvera rangé dans plusieurs divisions, et que les contraires rentreront dans la même division ; ou bien, il n’y aura plus qu’une seule et unique différence ; et cette différence elle-même, qu’elle soit simple ou qu’elle soit complexe, formera

  1. Qu’une seule fois. C’est-à-dire, par une affirmation et une négation : « Pourvu de pieds, sans pieds ». — Comme le fait le vulgaire. C’est en effet la méthode que doit adopter l’histoire naturelle, en essayant de classifier tous les genres le plus systématiquement possible. — Sans recourir à la dichotomie. On peut sentir dans cette objection une sorte d’ironie contre la méthode de division. — L’on ne pourra pas du tout… L’objection est très-forte, et la dichotomie n’a qu’une rigueur apparente ; au fond, elle confond une foule d’êtres sous une négation, qui peut faire connaître ce qu’ils ne sont pas, mais non ce qu’ils sont. — L’espèce dernière. C’est-à-dire qu’elle ne peut se subdiviser en d’autres espèces. — Comme l’on ne peut pas faire… Cette phrase entière peut sembler n’être qu’une interpolation, et arrêter quelque peu la suite des pensées ; mais elle est nécessaire, comme le prouve le contexte, puisque l’auteur l’explique en détail. Il veut prouver que les différents éléments que donne la dichotomie ne forment pas un tout régulier, et qu’on est obligé de les joindre par un rapprochement factice, comme on joint les diverses parties d’une proposition par une conjonction, qui unit les mots sans unir les pensées.