Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/285

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§ 15[1]. Qu’il soit impossible d’atteindre aucune espèce individuelle quand on ne fait que diviser le genre en deux, comme se le sont imaginé quelques philosophes, c’est ce que prouvent encore d’autres arguments. D’abord, il ne se peut pas qu’il n’y ait qu’une seule différence pour les espèces ainsi divisées, soit qu’on les prenne séparément, soit qu’on les prenne réunies. Par Séparément, j’entends qu’elles n’aient point de différences, par exemple les fissipèdes ; et par Réunies, j’entends qu’elles ont une différence comme celle qui distingue l’animal dont le pied a plusieurs divisions de l’animal dont le pied n’en a

  1. Quelques philosophes… C’est évidemment l’École de Platon qu’Aristote veut désigner ici. — Encore d’autres arguments. Ces nouveaux arguments pour repousser la dichotomie ne sont pas plus clairs que les précédents ; et il est toujours fort difficile de suivre la pensée de l’auteur. — Soit qu’on les prenne séparément. C’est-à-dire, soit qu’on prenne chacune des espèces comprises sous la négation générale en la considérant seule, soit en la réunissant à toutes les autres espèces que comprend également la négation. — J’entends. L’explication que prétend donner Aristote n’éclaircit pas davantage sa pensée. — Par exemple les fissipèdes. On considère que les fissipèdes forment un genre en opposition aux animaux qui sont solipèdes ; il n’y a entre les fissipèdes pris dans leur ensemble aucune différence, puisqu’ils ont tous le pied fendu ; mais il y a dans ce genre bien des nuances ; car les divisions du pied peuvent être plus ou moins nombreuses, et outre ce caractère général, il peut y en avoir une foule d’autres qui suffisent à constituer des espèces particulières, dont la dichotomie ne tient aucun compte. — Par réunies. L’exemple qui suit est suffisamment clair. Au lieu d’indiquer un seul caractère, on en énoncerait plusieurs qui se compléteraient mutuellement par leur opposition même ; les solipèdes seraient opposés aux fissipèdes.