Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les choses impérissables, nos observations se trouvent, en ce qui les regarde, être bien incomplètes. Pour elles, nos sens nous révèlent excessivement peu de choses qui puissent nous les faire connaître, et répondre à notre ardent désir de les comprendre. § 2[1]. Au contraire, pour les substances mortelles, plantes et animaux, nous avons bien plus de moyens d’information, parce que nous vivons au milieu d’elles ; et que, si l’on veut appliquer à ces observations le travail indispensable qu’elles exigent, on peut en apprendre fort long sur les réalités de tout genre. § 3[2]. D’ailleurs

  1. Plantes et animaux. Aristote avait essayé d’embrasser la nature entière ; et s’il n’a pas fondé lui-même la botanique, il est certain que c’est lui qui l’a fait faire par son disciple Théophraste ; voir la Préf. à l’Histoire des Animaux, p. Clxxiv. Il faut se rappeler qu’il n’a jamais isolé l’étude des plantes de l’étude des êtres vivants, les plantes ayant comme les animaux la faculté nutritive. Il a insisté souvent sur ce point de ressemblance, notamment dans le Traité de l’Ame, liv. II, ch. III, § 2, p. 181 de ma traduction. — Bien plus de moyens d’information. Ceci est de toute évidence. — Le travail indispensable qu’elles exigent. C’est ce que font les siècles en accumulant sans cesse les observations et les faits. — On peut en apprendre fort long. C’est là ce qui constitue le progrès de la science ; et Aristote le pressentait, aussi bien que personne a pu le sentir après lui.
  2. Ces deux études. Le texte est plus vague. — Ont chacune leur attrait. On ne saurait mieux dire ; et les raisons qu’en donne l’auteur sont d’une solidité inébranlable. — Les atteindre et y toucher. Il n’y a qu’un seul mot dans le grec. — Grâce à la sublimité de ce savoir. Voilà la vraie raison ; et de là, vient la solennité particulière du Timée de Platon, malgré les imperfections qui le déparent. — Pour les choses que nous aimons. On pourrait entendre aussi les « personnes » au lieu des choses ; l’expression du texte se prêterait également à cette interprétation. — Du plus insignifiant et du moindre objet. L’idée est gracieuse, et elle n’en est pas moins juste. Aristote ne cherche jamais ces éclats de style ; mais il ne les repousse pas, quand ils sortent du fond même du sujet. — De connaître mieux les choses. L’observation est directe ; et si elle est suffisamment attentive, elle peut être très-féconde. — Un plus grand nombre. Ceci était déjà vrai du temps d’Aristote ; ce l’est de jour en jour davantage ; aujourd’hui le nombre des faits bien connus est prodigieux, et l’avenir ne peut que l’accroître sans limite. — Pour être le comble de la science. C’est surtout de nos jours que cette remarque est exacte ; mais elle l’était dès le temps d’Aristote, qui ne semble pas partager cette prédilection peu fondée pour les sciences naturelles. — La rivale de la philosophie des choses divines. Dans notre siècle, ce sont les sciences physiques et mathématiques qui tiennent la première place ; et la Métaphysique, ou philosophie première, est accablée de dédain ; ce qui ne l’émeut guère et ne la diminue pas, si ce n’est aux yeux de la foule, qui la juge sans la connaître. — Ayant déjà traité de ce grand sujet. Sans doute ceci fait allusion à la Météorologie, au Traité du Ciel, et aussi à la Métaphysique. — De la nature animée. C’est-à-dire des animaux particulièrement, bien que les plantes soient comprises aussi dans la nature animée. — Aucun détail. Précepte excellent et très-pratique. Aristote n’a pas cessé de l’appliquer dans toutes ses recherches zoologiques.