Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/352

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dont ils brillent le prouve bien, puisque l’éclat brillant des liquides est un mélange d’air et de feu. § 2[1]. Ce qui fait que les animaux qui n’ont pas de sang n’ont jamais de graisse ni de suif, c’est précisément parce que le sang leur manque. Parmi les animaux qui ont du sang, ceux dont le sang a beaucoup de corps ont plus de suif ; car le suif est terreux ; il se coagule comme la matière fibreuse, et comme les agglomérations liquides qu’elle forme, et qui ont peu d’eau et beaucoup de terre. § 3[2]. Aussi, les animaux qui n’ont pas les deux rangées de dents et qui portent des cornes ont-ils du suif. Ce qui prouve bien que leur nature est pleine de cet élément, c’est qu’ils ont des cornes et des osselets, attendu que leur nature à tous est

  1. N’ont jamais de graisse ni de suif. Précisément parce que le suif et la graisse ne proviennent que des matières charriées par le sang, dans l’acte de la nutrition. — A beaucoup de corps. C’est l’expression même du texte. Le corps du sang est formé par le caillot, qui lui donne sa consistance et qui vient de la fibrine. — Les agglomérations liquides. Le sens exact du mot grec est assez obscur. — Peu d’eau et beaucoup de terre. Peut-être ceci pourrait-il se rapporter directement au suif, composé, selon les théories de cette époque, de beaucoup de terre et d’une petite quantité d’eau.
  2. Qui n’ont pas les deux rangées de dents. Ce sont en général les ruminants, qui n’ont d’incisives qu’à la mâchoire inférieure. Voir l’Anatomie comparée de Cuvier, XVIIe leçon, tome III, p. 142, 1re édition. — Ont-ils du suif. Le fait est exact ; mais l’explication qui en est donnée ici ne l’est pas autant. — Pleine de cet élément. C’est-à-dire, de l’élément terreux, dans les théories d’Aristote. — C’est qu’ils ont des cornes et des osselets. Ceci encore est exact ; et Aristote suppose que les cornes et les osselets, qui sont des conditions spéciales de ces animaux, ne peuvent provenir que de l’élément terreux. — Qui ont les deux rangées de dents. Ce sont les mammifères en général, sauf les ruminants, et les édentés, qui ont plus d’un rapport avec les ruminants. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 224, édit. de 1829. — Ne se coagule pas. Voir plus haut, § 1. — Ne s’égrène pas. C’est le sens exact du mot grec, et l’expression répond bien au fait. — Sa nature n’est pas terreuse. Comme celle du suif ; elle est plutôt aqueuse.