Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/424

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sang et des dents. Dans les oiseaux, comme nous venons de le dire, le bec est osseux, en vue de la nourriture et de la défense. Le bec peut se réunir en une seule pièce et tenir lieu de dents et de lèvres, comme si sur l’homme on enlevait les lèvres, qu’on joignît en une masse séparée les dents d’en haut, et qu’on avançât celles d’en bas, en donnant à chaque côté un prolongement qui irait en se rétrécissant. Cette transformation constituerait un bec dans le genre de celui des oiseaux. § 11[1]. Chez tous les autres animaux, les lèvres sont faites à la fois pour protéger les dents et pour les conserver. Voilà pourquoi autant les dents sont régulières et belles, ou sont le contraire, autant cette partie chez ceux qui en sont pourvus est bien articulée. Mais l’homme a des lèvres molles et charnues, qui peuvent s’ouvrir et se séparer, destinées à la fois à préserver les dents, comme chez le reste des animaux, et faites bien plus encore dans une vue de bien et de perfection ; ainsi, les lèvres de l’homme peuvent en outre servir à la parole.

  1. . Chez tous les autres animaux. L’expression est peut-être trop générale, puisqu’elle ne s’applique qu’aux animaux pourvus de lèvres véritables. — Molles et charnues. Ce n’est pas le privilège de l’homme seul ; et chez beaucoup d’autres animaux, les lèvres sont organisées de même. — Servir à la parole. Aristote, on le sait, a été un des premiers à proclamer ce privilège de l’homme ; et personne ne l’a apprécié plus haut que lui, bien qu’il n’ait pas tiré de cette observation toutes les conséquences qu’elle renferme. L’action des lèvres dans le langage articulé est indispensable pour produire certains sons.