Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome I, 1885.djvu/425

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§ 12[1]. De même que la nature a donné à l’homme une langue qui ne ressemble pas à celle des autres animaux et qu’elle a destine cette langue à deux usages, comme elle le fait d’ailleurs dans une foule de cas ainsi que nous l’avons dit, de même elle a fait notre langue à la fois pour percevoir les saveurs et pour parler, et les lèvres, pour parler et pour préserver les dents. § 13[2]. Le langage que forme notre voix se compose de lettres ; si la langue n’était pas ce qu’elle est, et si les lèvres n’étaient pas humides, nous ne saurions prononcer la plupart des lettres, parce que les lettres ne sont que des percussions de la langue, ou

  1. . Qui ne ressemble pas à celle des autres animaux. Ceci n’est pas absolument exact ; et dans toute la classe des mammifères, la langue ne diffère pas sensiblement de celle de l’homme. Chez tous sans exception, elle est charnue et flexible dans toutes ses parties, attachée par une portion de sa base à la mâchoire inférieure, et par sa racine à l’os hyoïde ; elle ne diffère d’un animal à l’autre que par la longueur et l’extensibilité de sa partie libre. Voir Cuvier, Anatomie comparée, XVe leçon, pp. 678 et suiv., 1re édition. Mais elle diffère beaucoup, comme le dit Aristote, chez les oiseaux, les reptiles, et les poissons, dont quelques-uns n’en ont pas du tout, comme les chondroptérygiens, chez les mollusques, qui n’en ont pas davantage, et chez les insectes de tout genre. — A deux usages. Le goût et la parole. — Ainsi que nous l’avons dit. Voir plus haut, § 5. — Les saveurs et pour parler. La langue est, en outre, un organe de déglutition. On peut donc dire qu’elle a trois usages et non pas deux.
  2. Le langage. Ce qu’Aristote dit ici de la langue et des lèvres comme instruments de parole, est profondément vrai. Il y a des consonnes linguales et d’autres qui sont labiales ; et sans la langue et les lèvres on ne pourrait prononcer ni les unes ni les autres. — Aux maîtres de métrique Ceci prouve que les études sur l’organe de la voix et ses emplois divers étaient dès lors poussées fort loin. Aujourd’hui même, nous ne les cultivons pas sans doute autant que les Grecs les cultivaient. C’est une lacune de notre éducation.